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Souvenirs de Claude Charrault


souvenirs d'Elie
Claude Charrault  (photo Vdi)
Claude Charrault (photo Vdi)


Durant la guerre, mon père était chauffeur-livreur et travaillait pour Georges Fermé à Montrichard, un négociant grossiste en épicerie. Son travail l’amenait à aller régulièrement à Paris pour approvisionner des épiceries. Georges Fermé faisait partie d’un réseau de résistance et il avait demandé à mon père - qui avait immédiatement accepté - de ramener à chaque voyage des personnes qu’il devait chaque fois aller chercher à des adresses différentes.

La ligne de démarcation passait par Montrichard. Au-delà du Cher qui jouait le rôle de frontière naturelle, on était en zone libre.



La ligne de démarcation (DR)
La ligne de démarcation (DR)

Parmi les nombreuses personnes que mon père a ainsi aidées à retrouver la liberté, je me souviens particulièrement d’une famille juive, la famille Ségal, avec laquelle nous sommes restés en relation.











Bernard et Raymonde Charrault  (coll. privée C. Chaurrault)
Bernard et Raymonde Charrault (coll. privée C. Chaurrault)

Mon père avait d’abord ramené de Paris Monsieur Ségal, puis quelque temps après ses deux fils. Les deux garçons David et Marcel, qui avaient 16 et 14 ans, étaient restés une dizaine de jours à la maison avant de traverser le Cher en barque.

Mon père m’a raconté que David pleurait en regardant la rivière depuis la fenêtre de sa chambre, en se demandant quand ils retrouveraient leur père. Madame Ségal, pensant être moins en danger que les hommes, était restée à Paris avec sa fille Renée, âgée de 12 ans environ, mais assez rapidement, elle s'était rendue compte qu’elles, non plus, n’étaient pas en sécurité. Mon père, informé par son patron, les ramènerait également, mais le voyage, cette fois-ci, a failli mal tourner. Le camion a été arrêté à Orléans par les Allemands. Ils ont soulevé la bâche et ont découvert à l’intérieur, une femme, une petite fille, un homme et un curé. Les Allemands ont échangé quelques mots : “Des Juifs !”. Le curé, par chance, parlait allemand. Il engagea la conversation :

Vous êtes allemand ? demande l’officier

Non, lui répond le curé, mais j’ai fait mes études à …..…

Eh bien ça alors ! Moi aussi j’ai fait mes études à …….. lui dit l’officier. Allez, vous pouvez partir.

C’est ainsi que l'abbé Tardiveau, curé de Montrichard, grâce à sa connaissance de la langue allemande, a sauvé ce jour-là la vie de Madame Ségal et de sa fille et, par la même occasion, celle de mon père, leur convoyeur.

Extrait du livre  LES « JUSTES PARMI LES NATIONS »  DE LA RÉGION CENTRE  et leurs protégés.
Extrait du livre LES « JUSTES PARMI LES NATIONS » DE LA RÉGION CENTRE et leurs protégés.

Je me souviens bien de David et de Marcel, les deux garçons de la famille Ségal. Nous sommes restés amis après la guerre. Lorsque j’ai quitté mes parents à l’âge de 17 ans pour aller travailler à Paris, je passais mes jours de repos chez David ou chez Marcel. Marcel tenait un magasin de sport à St-Germain-en-Laye et David un magasin de confection à Nanterre. Lorsque je leur rendais visite, je repartais toujours avec un costume ou un vêtement que l’un ou l’autre des frères m’offrait. Ils m’ont habillé ainsi jusqu’à l’âge de 21 ans !


Claude Charrault  avec la médaille  reçue par ses parents  (photo Vdi)
Claude Charrault avec la médaille reçue par ses parents (photo Vdi)





 
 
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