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Des justes à Sargé

vudici no 25 couverture

Quand l’Histoire passe par chez nous

Nous sommes en automne 1939. L’Allemagne vient d’envahir la Pologne. La Grande-Bretagne et la France lui ont immédiatement déclaré la guerre. Nathan Glowinski, Juif d’origine polonaise, prend la décision, pour défendre la France qui les avait accueillis, de s’engager dans la Légion Étrangère. Il laisse à Paris - où il les pense en sécurité - sa femme, Anna, et ses deux petits garçons, Roland 3 ans et Albert 1 an. Nathan sera fait prisonnier par les Allemands et retenu dans un camp jusqu’à la fin de la guerre.

Soldats de la Légion partant à l'assaut            © 2023 Légion étrangère (DR)
Soldats de la Légion partant à l'assaut © 2023 Légion étrangère (DR)

Le 14 juin 1940, à l'aube, les Allemands entrent dans Paris.

 Ils plantent, sur la tour Eiffel, le drapeau à croix gammée.


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Comprenant qu’elle n’est plus en sécurité, Anna rassemble quelques affaires et prend le premier

train pour quitter la ville.

Le train est immobilisé à 180 km de Paris dans la petite gare de Sargé-sur-Braye. La voie est

bombardée. On loge les réfugiés dans l’école du village.

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Madeleine Botineau est boulangère

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à Sargé. Elle est veuve de guerre, (son

mari a été gazé dans les tranchées). Son

fils, Roger, 21 ans, est au fournil tandis

que sa fille Madeleine, 14 ans, et sa

mère, Marie Fauveau, l’aident à la bou-

tique. Madeleine Botineau et Anna Glo-

winski se lient rapidement d’amitié.


Boulangerie de Madeleine Botineau

Source : Association Les amis de Sargé du Perche



Le 17 juin 1940, le maréchal Pétain

prend la parole à la radio : “C'est le

cœur serré que je vous dis aujourd'hui

qu'il faut cesser le combat... »

(Le même jour, le général de Gaulle

prend l'avion pour Londres.)





Le samedi 22 juin 1940, l'armistice est signé à Compiègne, dans la clairière de Rethondes.

C’est là, dans ce même wagon, positionné au même endroit qu’avait été signé, le 11 novembre,

à la demande du gouvernement allemand, l’armistice mettant fin à la Première Guerre Mondiale.

Pour les Allemands, l'humiliation de la défaite ne s’est jamais effacée depuis. Cette fois-ci, c’est le

gouvernement français, conduit par le maréchal Pétain, qui reconnaît la suprématie allemande et

demande l’arrêt des hostilités.


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L’armistice est signé, c’est donc la fin des combats. Anna Glowinski et ses deux petits garçons

rentrent à Paris. Dans un Paris qui n’est plus le même.

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1941-1942 - Le IIIe Reich, pour-suivant son objectif d’extermination des populations juives, met en place des rafles massives.

Madeleine et sa fille l’apprennent.

Elles étaient restées en contact avec

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Anna Glowinski et elles lui proposent

immédiatement de revenir à Sargé.

Anna hésite mais finit par consentir,

au moins, à leur confier Albert et

Roland. Les deux femmes partent à

Paris chercher les deux petits gar-

çons. Ils seront, durant toute la

guerre, les “neveux de la ville”. Le

secrétaire de mairie leur fournit des

faux papiers. Ils vont à l’école pri-

maire. On les appelle “les enfants de

la boulangère”. Le dimanche, Made-

leine et sa fille, catholiques prati-

quantes, les emmènent à la messe avec elles et, il faut le préciser, sans jamais chercher à les convertir. Tout le monde sait qu’il s’agit d’enfants juifs cachés, mais il n’y aura aucune dénonciation malgré la présence, dans le village, de partisans du régime de Vichy.




Cependant à Paris, les rafles s’intensifient.

Les gendarmes frappent un jour à la porte d’Anna.

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“Où est votre mari ?”

- “Prisonnier en Allemagne”.

Comprenant qu’elle est la femme

d’un combattant, touchés, les gen-

darmes lui donnent 24 heures pour

disparaître. Cela suffit à Anna pour

prendre le premier train en direction

de Sargé.





On imagine avec quelle joie, Roland, Albert et toute la famille Botineau l’ont accueillie.

Mais il faut être prudent. Anna doit se cacher. Marie Fauveau, la mère de Madeleine, l’hébergera

chez elle jusqu’à la fin de la guerre. Anna, devenue “Tante Anna” pour la famille Botineau, passera

ainsi, avec ses deux petits garçons, les dernières années de la guerre à Sargé, menant une vie

presque normale.

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À la Libération, toute la famille aura la chance d’être réunie.

Quant aux deux familles, Glowinski et Botineau, elles resteront en contact, unies à jamais par bien

plus qu’une amitié.


Tiré du livre Les « Justes parmi les Nations » de la Région Centre et leurs protégés publié sous direction de la Mission interdépartementale Mémoire et Communication (MIMC) de la région Centre).
Tiré du livre Les « Justes parmi les Nations » de la Région Centre et leurs protégés publié sous direction de la Mission interdépartementale Mémoire et Communication (MIMC) de la région Centre).



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Le 30 janvier 2005, l'institut Yad Vashem de Jérusalem a

décerné à Madeleine Botineau et ses enfants Roger et

Madeleine ainsi qu'à Marie Fauveau le titre de Juste par-

mi les Nations.








Diplôme d'Honneur pour les Justes




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Discours de Simone Veil

“Certains Français se plaisent à flétrir

le passé de notre pays. Je n’ai jamais

été de ceux-là. J’ai toujours dit, et je le

répète ce soir solennellement, qu’il y a

eu la France de Vichy, responsable de

la déportation de soixante-seize-mille

juifs, dont onze mille enfants, mais qu’il

y a eu aussi tous les hommes et toutes

les femmes, grâce auxquels les trois

quart des Juifs de notre pays ont

échappé à la traque. Dans aucun pays

occupé par les nazis, à l'exception du

Danemark, il n’y a eu un élan de solida-

rité comparable à ce qui s’est passé

chez nous.”

Cérémonie du Panthéon

en hommage aux Justes de France

8 janvier 2007

Document de la police française, 1942,

identifiant Simone Veil comme juive (DR)


Sources : Les “Justes parmi les Nations” de la région Centre et leurs protégés, livre publié sous la direction de la Mission

interdépartementale Mémoire et Communication (MIMC) de la région Centre.








 
 
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